FFCT

Le gouvernement veut faire immatriculer les vélos pour lutter contre le vol de bicyclettes.

Le gouvernement veut faire immatriculer les vélos pour lutter contre le vol de bicyclettes.

Édouard Philippe a déjà donné un avant goût de la philosophie du plan, dans une interview au Courrier de l’OuestParmi les mesures prévues, la création d’un fonds destiné à cofinancer avec les collectivités locales des infrastructures pour assurer la continuité des pistes cyclables, la création d’une indemnité vélo prise en charge par l’entreprise ou encore… l’immatriculation obligatoire des bicyclettes.

« Ce sera hyper simple »

Cette dernière mesure, qui peut apparaître surprenante et contraignante, s’inscrit dans la volonté du gouvernement de s’attaquer au vol de vélos. Outre la pose obligatoire d’un « identifiant exclusif » par le fabricant, le gouvernement prévoit par exemple de demander à la SNCF de construire davantage de parkings sécurisés dans les gares. Le but: « lutter contre le vol, le recel et la revente illicite des cycles », selon l’avant-projet de loi d’orientation des mobilités publié par le sites d’informations Contexte le 30 août 2018.

Concrètement, le marquage – « sous une forme lisible, indélébile, inamovible et infalsifiable, en un endroit repérable et visible sans manipulation » précise le texte – devrait concerner seulement les vélos neufs. La technologie, puce ou gravure, sera laissée à la discrétion du constructeur, mais devra être lisible par « capteur optique ». L’objectif étant de créer un « fichier national des propriétaires de cycles » pour savoir à qui appartiennent les vélos en circulation.

« Quand vous en achèterez un neuf vous entrerez dans le fichier et quand vous en achèterez un d’occasion, vous aurez une petite formalité administrative à accomplir. Ce sera hyper simple. Cela vous assurera que vous n’achetez pas un vélo volé », précise au HuffPost  le député LREM Matthieu Orphelin qui a été l’une des sources d’inspiration du plan vélo.

« On attend que l’Etat impulse une dynamique »

En avril, plus de 200 parlementaires – dont l’élu de Maine-et-Loire – avaient réclamé dans une tribune « un grand plan vélo ». La France arrive en queue de peloton pour l’usage de la bicyclette comme moyen de transport comparée à ses voisins européens. Moins de 2% des trajets domicile-travail se font à vélo et 58% des personnes vivant à moins d’un kilomètre de leur travail s’y rendent en voiture, selon l’Insee, quand elles mettraient environ cinq minutes à vélo.

Non polluante, silencieuse, outil efficace contre la sédentarité, la petite reine possède pourtant de nombreux avantages en termes de santé et d’environnement. Pour favoriser son essor, le gouvernement va créer un fonds de 350 millions d’euros sur sept ans pour cofinancer des infrastructures avec des collectivités, soit 50 millions par an. Il s’agira par exemple de ponts ou de tunnels au niveau d’échangeurs autoroutiers ou de rocades pour assurer la continuité des pistes cyclables.

Les associations demandaient 200 millions d’euros par an, le COI préconisait 350 millions sur quatre ans pour le vélo et la marche dans un scénario moyen. « On attend que l’Etat impulse une dynamique », explique Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui prévenait jeudi qu' »en dessous de 50 millions par an, on ne ferait pas grand chose ».

La France en est à son troisième plan vélo en six ans. Les précédents, en 2012 et 2014, « comprenaient de bonnes idées mais pas d’éléments concrets de mise en oeuvre et surtout pas de financement », explique Pierre Serne, président du club des villes et territoires cyclables. Avec ce nouveau plan, le gouvernement espère porter à 9% d’ici 2024 la part des déplacements faits en vélo, pour dépasser la moyenne européenne de 7%. En attendant, ce train de mesures, inscrit dans un projet plus large avec la future loi d’orientation des mobilités ne devrait passer devant le Parlement avant 2019.