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Avantages et inconvénients de débuter le VTT sur un VTTAE, un vélo électrique

Avantages et inconvénients de débuter le VTT sur un VTTAE, un vélo électrique

Lu sur le site l’équipe.fr :

Dans bien des cas, le VTTAE (VTT à assistance électrique) permet de se mettre ou se remettre au VTT. Il permet d’apprendre et de progresser, mais comme tel engendre peut-être certaines mauvaises habitudes. Qu’en est-il ?

Bobsleigh - Dorine Besson - (ShutterStock)
 

Quoi qu’on en pense, c’est un fait qu’il faut tenir pour acquis : les VTTAE sont venus élargir les rangs des cyclistes. En effet, il n’est pas contestable que nombre de personnes se sont mises ou remises en selle par ce biais. Cycliste convalescent, ou simplement vieillissant (nous sommes tous concernés) désireux de réintégrer les sorties du club, enfant, épouse ou fiancée souhaitant accompagner le champion de la famille sans trop le ralentir, pour beaucoup, l’assistance électrique est la solution. 

Récusons aussi, d’entrée de jeu, la conte-vérité qui consiste à assimiler l’usage du VTTAE à un refus du sport ou de l’effort : sitôt qu’on pédale, ce qu’exige le principe même du VAE, les systèmes musculaires et cardio-vasculaire s’activent. Postuler, avec les esprits chagrins que le moindre soutien annule l’effort, et que « ce n’est pas pédaler que de pédaler sur un VAE » relève donc de l’idéologie mais pas de la logique. Ainsi la question n’est pas dans la légitimité de cette pratique. Elle consiste à se demander si le fait de débuter ainsi, sur un vélo « assisté » peut engendrer de mauvaises habitudes, en termes de perception ou de pilotage.

Le premier point est donc énoncé : le VTTAE sert de déclic. Il permet au débutant de prendre du plaisir, et de surmonter une première phase potentiellement ingrate, décourageante. Au fil des sorties, le niveau de condition physique augmentera, peut-être au point de susciter le passage au vélo « nu » : allongeant les séances, on sera bien obligé de gérer l’autonomie et les niveaux d’assistance sur un mode de plus en plus économe. On peut parier sans risque sur les progrès. Relevons néanmoins, sinon quelques aspects négatifs, au moins quelques pièges potentiels.

Monter ok, mais redescendre ?

D’abord, il faut se méfier de son propre enthousiasme. On risque, cela s’est vu, de monter haut par des sentiers qu’on ne saura pas redescendre (ou pas sans se faire mal) à vélo. Ne riez pas trop vite, cela s’est vu ! Ça n’arrive pas qu’au chat de la voisine monté trop haut dans l’arbre et qu’on envoie chercher par les pompiers. Alors, prudence.

(ShutterStock)

L’assistance « gomme » la perception du terrain

D’une façon générale, ce dont la pratique directe du VTTAE risque de vous priver en partie, c’est d’un bon « toucher ». Le cycliste, ne l’oublions pas, est un corps augmenté qui touche le monde, non pas de ses deux pieds, mais de ses deux pneus. Or, un VTTAE tout-suspendu avec de gros pneus (presque toujours en 27.5+) tend à tout « gommer ». Il n’a pas été inutile à certains d’apprendre avec un semi-rigide, à sentir la moindre variation du terrain (relief, grip, etc.). Sans assistance les obstacles à franchir se gagnent et, au fil des essais et erreurs, à mesure de leur augmentation en taille par exemple, on apprend à ressentir le terrain. C’est le corps entier qui est investi dans ce toucher. La posture dans sa globalité, la coordination musculaire profonde (bassin, torse) n’est sans doute pas tout à fait identique, dans ses ajustements, avec celle qu’implique un VTTAE. Le plus souvent, un gamin qui débute, on ne le met pas sur un enduro.

Pédaler « rond » mais pas en danseuse

L’assistance électrique ne réagit pas de façon optimale aux coups de pédale trop binaires. Même, les capteurs peuvent y identifier deux signaux séparés, et alors l’assistance fournie n’est pas homogène. En conséquence, il est tout à fait vain, voire impossible, de se mettre en danseuse sur un VTTAE. D’autant que les réactions erratiques du moteur rendent alors impossible un bon contrôle de l’adhérence.

Le VTTAE encourage donc à « pédaler rond », puisque c’est la seule façon d’obtenir un soutien homogène mais exclut le pédalage en danseuse, un registre essentiel du sport cycliste. Voilà pourquoi certains spécialistes du X-country se montrent peu à leur aise en VTTAE. Quant au débutant, il doit savoir qu’il laisse de côté une partie de son apprentissage cycliste.

Le coeur et les muscles

D’une façon pus générale, si la pratique du VTTAE permet bel et bien de monter dans les tours du point de vue cardio-vasculaires, le travail musculaire (proprioceptif et de force) n’est pas du tout équivalent. En revanche la partie haute du corps, partie supérieure du torse, épaules et bras, est hyper sollicitée dans les descentes : mine de rien, tenir un vélo de 22kg, l’inscrire dans les trajectoires, le freiner, n’est pas de tout repos. De ce point de vue, passer au pilotage d’un vélo normal apparaîtra comme une récompense.

En résumé, outre le fait qu’il soit indispensable en certaines situations, le VTTAE est une excellente voie d’entrée dans la discipline. Il permet de s’y mettre, mais ce stade qui appelle à être dépassé dans certains cas, car c’est sans assistance qu’on élargit son registre.

Olivier Haralambon